Roman de la française Hannelore Cayre (24/02/1963 – ), publié aux éditions Métailié le 9 mars 2017. Il a reçu le Grand Prix de littérature policière 2017, ainsi que le Prix Le Point du polar européen 2017.
Présentation de l’éditeur:
Ce que j’en pense:
Patience Portefeux, veuve quinquagénaire et mère de deux filles, traductrice-interprète judiciaire, est la narratrice de ce court récit. Elle raconte comment elle a grandi auprès d’un père dont les « affaires » ne semblaient pas très nettes, comment elle a rencontré l’amour et l’a perdu, comment elle a dû assumer seule d’élever ses deux filles, trimant mais restant ainsi dans le droit chemin et la légalité, ou presque. Parce que son job de traductrice interprète payé au noir… Mais ça paye les factures et elle ne fait rien de mal. Au contraire, elle sert la justice, même si elle n’est pas toujours d’accord avec la manière dont elle est rendue.
Et puis un jour, elle a l’opportunité de se faire beaucoup d’argent grâce à du cannabis, abandonné par des trafiquants dont elle traduisait les écoutes téléphoniques avant d’être arrêtés. Cette femme d’âge mûr, qui connait toutes les combines ou presque des trafiquants et la manière de procéder de la police, va voir ici l’occasion de prendre une revanche sur la vie. Elle récupère la marchandise qu’elle va écouler au nez et à la barbe de son petit-ami policier. Elle devient la Daronne, cette femme d’affaires impitoyable qui dicte la conduite à tenir à ses acheteurs comme si elle était dans le milieu depuis des années.
Comment franchit-on la ligne entre légalité et illégalité? La frontière est si mince qu’il est aisé de sauter le pas! La Daronne le fait avec une facilité déconcertante, tant physiquement, en récupérant cette marchandise et en la revendant, que moralement. Sur ce dernier point, son « commerce » l’endurcit peut-être un peu, mais elle n’a aucun regret, ne ressent aucune culpabilité de faire ce qu’elle fait. L’être humain est une créature opportuniste et Patience Portefeux en est un bel exemple. Par moment, le lecteur sent poindre quelques bons sentiments, un peu de générosité, de gentillesse, pour mieux découvrir le manque de compassion de la Daronne, sa froideur, son côté calculateur, manipulateur.
Isabelle de Botton, qui prête sa voix à ce récit dans sa version audio, incarne parfaitement la Daronne. Grâce à son intonation, elle rend très bien le détachement dont fait preuve Patience face au commerce illégal auquel elle s’adonne, l’auditeur perçoit le côté désabusé du personnage face à certaines situations par le biais du jeu de comédienne de la lectrice. Isabelle de Botton ne fait pas que lire ce récit, elle devient la Daronne, la fait vivre, ajoutant une dimension immersive à ce roman dans lequel on se laisse prendre.
J’avais quelques appréhensions face à ce récit. La police, la justice, le milieu de la drogue… Je craignais quelques clichés, et il n’en est rien. Cette écoute fut une agréable découverte, un très bon moment que j’ai pu vivre d’une seule traite. Une exploration de la vie d’un beau réalisme, portrait d’une femme qui se transforme en requin pour mieux vivre.
Édition présentée: Audiolib (04/07/2018). Lu par Isabelle de Botton. ISBN/EAN13: 9782367626789. Également disponible sur support papier, numérique et en téléchargement audio.
Lecture faite dans le cadre du Prix Audiolib 2019
Une réflexion sur “La Daronne (Hannelore Cayre)”